Novopan, 240 x 300 cm, wood, screw and hinge

KN, variable size, rope, carabiner

KN, variable size, rope, carabiner

Sisyphe heureux, 40 x 45 x 60 cm, granit

A circle of 100 stones / An island of 100 cairns, 70 x 100 cm, inkjet

Bendolla, video projection

Bendolla, 02:13

Entretient avec Delphine Rivier et Léonord Veya, espace Basta, janvier 2008

S’il fallait qualifier ta démarche protéiforme, pourrait-on te décrire comme un sculpteur?

Je crois que le qualicatif auquel tu penses est “physique”, c’est en effet un aspect dominant dans mon travail qu’il s’agisse de ma manière de créer, de mes propres déplacements et aussi des notions de physique tels que la gravité, les forces, la traction, la suspension, l’équilibre…

La montagne, ton univers naturel de prédilection, a souvent été à l’origine de créations romantiques ou tout au moins lyriques. A l’inverse, elle t’inspire aujourd’hui des créations minimalistes. Que cherches-tu dans cet environnement particulier?

J’ai un regard contemplatif sur la nature mais je crois que l’intérêt sculptural que j’y porte tiens surtout des sports de montagne et de comment l’homme se met en relation, construit et culturise cet espace brut. La simplicité, l’épurement sont des caractérisitiques que l’ont retrouve à la fois dans l’industrie et dans la nature, les relations qui en découle m’intéressent.

Si les sports alpins constituent pour toi un réservoir infini de formes et d’objets à détourner, l’intérêt fondamental qui relie tes créations artistiques et ces activités se situe ailleurs semble-t-il…

Il n’est pas tellement question de la représentation de ce milieu mais de sensations physiques que j’observe. Il s’agit surtout d’un mouvement de va-et-vient entre mon quotidien urbain, chargé, compliqué, bruyant et un terrain naturel vaste, calme, rustique.

Tu élabores des formes, certes, mais toujours en fonction d’un espace déterminé: comment as-tu envisagé ton intervention à basta?

Je suis parti du lieu, de Basta. J’avais envie de le modifier, de le transformer. Je ne voulais pas utiliser l’espace uniquement comme un support d’accrochage, mais que celui-ci devienne partie intégrante de l’exposition en jouant avec son architecture.

Sisyphe heureux, le titre que tu as choisi pour cette exposition, postule de manière intrigante une vision positive du mythe. Pourquoi faire de cette figure de l’éternel recommencement absurde le héros de ton histoire?

Tout d’abord je tiens à préciser qu’une des sculptures donne son nom à l’exposition; cette sculpture met en rupture l’objet du mythe puisqu’il s’agit d’une pierre cassée en deux. En fait, c’est à la fois une exclamation et une question. Je vois dans ce mythe, le temps et l’espace placé dans un mouvment cyclique; il y a de la perséverance, de l’effort, une ascension et puis une descente et un recommencement. Je fais volontiers des paralèlles entre la création, le monde de l’art, le sport et finalement la condition humaine. C’est un mouvement dans lequel il faut trouver son équilibre. Albert camus dit: “la lutte elle-même vers les sommets suffit à remplir un coeur d’homme. Il faut imaginer Sisyphe heureux.” S’imaginer Sisyphe heureux, c’est transposer la punition, la condition en quelque chose de positif qui donne un sens, un but.