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Via

L’univers de la montagne est la source d’inspiration avouée de l’artiste. Mais ce petit-fils d’un aquarelliste de montagne ne cherche pas, fidèle à la tradition, à donner une représentation de la nature et du paysage, encore moins une vision romantique du sublime qui lui est classiquement associé. Simon Deppierraz, qui pratique l’alpinisme et le ski, transpose son expérience physique et radicale de la haute-montagne, où l’épreuve est vécue comme une ascèse positive, à sa recherche et à sa pratique sculpturale, et subséquemment à son appréhension du monde et de la condition humaine. L’artiste réfléchit toujours et avant tout à partir de la dimension physique ; sa pratique de l’escalade convoque simultanément la condition physique du corps et une intégration des principes même des forces physiques – gravité, traction, suspension, équilibre.

D’entrée, l’installation du couloir confronte physiquement le spectateur. Cette longue corde mise en tension par des mousquetons traduit de manière à la fois typographique et signalétique la VIA (ferrata). Cette voie suggérée graphiquement par la corde fonctionne presque à la manière d’un truisme dans ce long couloir d’entrée du CAN. En outre, la signalétique ambiguë, à la fois balise et obstacle, exprime une tension contradictoire ainsi qu’une certaine idée de danger qui se retrouvent dans chaque pièce de l’exposition, plaçant d’office le spectateur face à sa responsabilité et à son choix, qui, dans cette première pièce, si il peut décider du chemin, ne peut éviter de passer à travers (VIA) l’œuvre.

Dans cette dialectique du vide et du plein,  son minimalisme charge l’espace de manière vivante et polysémique. L’intelligence du travail de Simon Depierraz repose sur une totale disponibilité aux conditions du site specific, qui contraste avec celles de la peinture à l’huile qu’il a pratiquée longtemps adolescent. Contre la solitude de l’atelier, il fait le choix du déplacement et de la rencontre, à l’image des objets nomades qu’il transporte dans son sac, libre de les décliner spécifiquement aux différents lieux et d’élargir les contextes, cas de ses récents projets en Géorgie et au Kirghizstan.

Il se dégage de ses propositions une poésie presque existentialiste, en écho au titre de cette exposition et à celui d’une œuvre antérieure « Sisyphe heureux », oxymore connu de Camus, qui transforme la condamnation à l’éternel recommencement en une acceptation joyeuse et assumée.

M + M